"Diary" Je me lève à 7h45, me passe de l'eau sur le visage, enfile mes sapes et enfourche ma mobylette. Le matin il fait toujours très frais dans le Tamil Nadu. Lorsque j'arrive, mes mains sont glacées. Je dois me trouver à 8h45 pétantes devant la salle de conférence du Visitor's centre. Pour une fois, je suis en avance. Nous patientons sagement et à 9h la projection commence. "Auroville est la ville qui appartient à l'humanité toute entière, mais, ceux qui souhaitent y vivre doivent faire preuve de la bonne volonté de ne consacrer leur vie qu'à la Conscience Divine" A la création d'Auroville il y'a eu une procession où un couple de chaque nationalité présente a versé un peu de terre de son pays dans une urne. De loin cela ressemble à un gros coquillage en béton... Avant d'entrer dans le Matrimandir, nous avons du laisser nos affaires au vestiaire, les photos ne sont pas autorisées, et puis nous avons retiré nos chaussures. On m'a demandé de retrousser mon pantalon. Je n'ai compris pourquoi qu'en entrant dans ce décor de film typique des années 70. Stanley Kubrick était-il passé par là?! Des serviteurs nous font signe de mettre les chaussettes blanches fournis par leurs soins.
Crédits photo Claire Noumene
Puis dans cette boule dorée nous accédons à la salle de méditation en montant un chemin en colimaçon couvert de moquette blanche. Postés tous les 50m, il y'a d'autres serviteurs qui surveillent tous nos faits et gestes, rester sur la droite, marcher à tel rythme... Arrivée à la porte de la salle dont tout le monde parle tant, je ressens une irrépressible envie de faire demi-tour! En son centre il y'a une énorme boule de cristal posée sur un support. Le faisceau de lumière qui entre par le haut frappe la boule et se propage avec douceur dans la salle. Assis en cercle autour de cet objet curieux et mystique, j'y observe toutes sortes d'attitudes. Certains sont en position de grande extase, les mains formant des lotus, la lumière les transperçant. D'autres se regardent perplexe. Combien de temps allons-nous rester dans cette mise en scène surréaliste? J'ai besoin de m'allonger. Nous avons mis plus d'une heure entre projection du film et entrée dans le monument…
Mes paupières sont lourdes. Seulement sur le pass, il était précisé qu'il est interdit de s'allonger ou d'adopter n'importe quel position représentant sa religion... Ma religion ? Dormir! Une femme se racle la gorge deux ou trois fois. Cela résonne tant qu'un des surveillants de la séance se glisse à ses cotés et la prie surement de sortir, chose qu'elle ne fait pas. Elle tousse à nouveau, il revient... Une minute plus tard, une lumière flashe deux fois. Il est temps de partir. J'apprends plus tard que nous n'aurons passé que 10 minutes dans l'endroit si convoité... Le bus me redépose au parking motos. Il est 11h. Je suis lessivée. Était-ce un mauvais rêve? Le matrimandir a également des petites salles fermées tout autour à l'extérieur de la boule. Des gens y méditent où juste dans leur dos, sont postés des surveillants, derrière chaque porte d'entrée... Il y'a des heures bien spéficiques pour les pratiquants, d'autres pour les touristes. L'autre jour j'ai essayé de m'introduire dans le jardin pour me diriger sous le sublime banyan tree qui s'épanouit à coté de la boule et deux personnes ont surgi de nul part en moins d'une minute. Je réalise qu'il est impossible d'aller dans ce lieu sans pass et sans toute la paperasse qui va avec... Maintenant que nous avons vécu la visite initiatique, nous avons libre accès aux salles de méditation aux créneaux indiqués (très courts et variables) Tout bien réfléchi j'aime autant les églises où au moins, les nonnes tolèrent les éternuements et ne nous forcent pas à mettre des chaussettes blanches fournies par la maison... Non vraiment, chaque religion impose ses règles. Et que l'on ne vienne pas me dire qu'avec Sri Aurobindo et la Mère comme avatars, Auroville ne vit pas sous une enseigne religieuse... Méditer dans un petit coin de nature me dit bien plus que toutes les architectures offertes par l'homme... Question de point de vue et du choix de ses propres règles et limites j'imagine.
Je te comprends, ce que tu dis me rappel des souvenirs....mais ce n'est pas comme cela partout.
RépondreSupprimerCe site se veut une espèce de vitrine spirituelle de l'Inde.... enfin il me semble.
Prends soin de toi.